lundi, décembre 19, 2005

9: Chapitre 4 - Horace Slughorn

Malgré le fait qu'il avait passé chaque moment de veille ces derniers jours à espérer vainement la venue de Dumbledore, Harry s'était senti plutôt mal à l'aise de partir avec lui de Privet Drive. Il n'avait jamais eu de conversation avec le directeur en dehors de Poudlard. Il y avait généralement un bureau entre eux. Le souvenir de leur dernier face à face, augmentait l'embarras d'Harry. Il avait crié beaucoup à cette occasion, sans parler des très estimables possessions de Dumbledore qu'il avait cassées .
Dumbledore, cependant, semblait complètement détendu.

"Garde ta baguette magique prête, Harry," dit-il soudain.

"Mais je croyais que je n'avais pas le droit de faire de la magie en dehors de l'école, professeur ?"


"S'il y a une attaque, je te donne la permission d'utiliser quelques sorts de défense ou de malédiction. Cependant, je ne pense pas que tu aies besoin de te soucier d'une attaque, ce soir."


"Pourquoi, professeur?"


"Tu es avec moi !... Ça devrait suffire, Harry."


Il s'arrêta brusquement à l'extrémité de Privet Drive.

"Tu n'as pas encore passé tes tests de transplanage ?"


"Non, ...Je croyais qu'il fallait avoir dix-sept ans ?"


"C'est le cas, en effet... Tu devras donc me tenir bien fermement. À ma gauche, si ça ne te gêne pas ; — comme tu sais, mon côté droit est un peu fragile à l'heure actuelle."


Harry prit le bras que lui offrait Dumbledore.


"Très bien !... Bien, allons-y !"


Harry sentit le bras de Dumbledore s'éloigner de lui et s'agrippa plus fort. Ce qu'il ressentit ensuite, c'est une impression de noir total. Il était compressé très fortement de partout, il ne pouvait pas respirer, il avait l'impression que des bandes de fer étaient enroulées autour de sa poitrine, ses yeux semblaient repoussés à l'intérieur de sa tête ; ses tympans étaient plus profondément enfoncés dans son crâne et alors …


Il aspira à grandes bouffées l'air froid de la nuit et ouvrit ses yeux qui coulaient. Il s'était senti comme si on l'avait comprimé dans un tube en caoutchouc très serré. Il lui fallut quelques secondes avant qu'il ne réalise que Privet Drive avait disparu. Lui et Dumbledore étaient maintenant près de la place d'un village qui semblait abandonné, au centre duquel se dressait un vieux mémorial de guerre entouré de quelques bancs. Son esprit lui revint avec les sens, et Harry réalisa qu'il avait transplané pour la première fois de sa vie.

"Tout va bien ?... On s'habitue à cette sensation à l'usage."


"Je vais très bien... mais je pense que je préfère les balais…"

Dumbledore sourit, replaça son manteau un peu mieux autour de son cou, et dit "Allons-y !"


Il s'éloigna d'un pas rapide, passant devant une auberge vide et quelques maisons. À en croire l'horloge d'une église voisine, il était presque minuit.


" Dis-moi, Harry ?... Ta cicatrice… te fait-elle mal ?"

Harry dirigea inconsciemment une main vers son front et y frotta la marque en forme d'éclair.
"Non ! et je me suis interrogé, à ce propos... Je pensais qu'elle me brûlerait tout le temps maintenant que Voldemort est redevenu si puissant."


Il jeta un coup d'œil vers Dumbledore et vit qu'il affichait une expression satisfaite.
" Moi, à l'inverse, ... J'ai pensé que Voldemort avait finalement compris qu'il était dangereux de te laisser le libre accès à ses pensées et ses sentiments comme tu l'avais fait. Il pratique probablement l'Occlumencie pour t'éloigner de ses pensées ."


"Eh bien, je ne m'en plains pas !" s'exclama Harry, auquel ni les rêves inquiétants, ni les flashes alarmant, ni l'intrusion dans l'esprit de Voldemort ne manquaient.


Ils tournèrent le coin d'une rue, passèrent près d'une cabine téléphonique et d'un arrêt de bus. Harry regarda longuement Dumbledore.

"Professeur?"

"Harry?"

"Heu… Où allons-nous exactement ?"

"Ceci, Harry, est un charmant village qui s'appelle Budleigh Babberton."

"Et que venons-nous y faire ?"


"Ah oui, bien sûr, je ne t'en ai pas parlé ! ... Bien, j'ai perdu le compte du nombre de fois où j'ai dit ça ces dernières années, mais de nouveau, il nous manque un membre du personnel enseignant. Nous sommes ici pour persuader un de mes vieux collègues de sortir de sa retraite pour retourner enseigner à Poudlard."


"Comment pourrais-je vous aider, professeur ?"

"Oh, je pense que nous trouverons comment t'employer !... C'est sur la gauche, Harry."


Ils progressèrent vers le haut d'une rue raide et étroite bordée de maisons. Toutes les fenêtres étaient obscurcies. Le froid étrange qui s'était trouvé au-dessus de Privet Drive pendant deux semaines persistait ici également. Pensant aux détraqueurs, Harry coula un regard par-dessus son épaule et saisit sa baguette à l'intérieur de sa poche.

" Professeur, pourquoi ne pouvions nous pas transplaner tout près ou directement dans la maison de votre vieux collègue?"


" Parce que ce serait aussi grossier que de donner un coup de pied au bas de la porte d'entrée ! " répondit Dumbledore. "La courtoisie nous apprend que nous devons laisser à des magiciens, des camarades l'occasion de nous refuser l'entrée. De toute façon, la plupart des logements de sorciers sont protégés par la magie contre les transplanages indésirables. À Poudlard, par exemple…"


"— On ne peut pas transplaner n'importe où à l'intérieur des bâtiments ou des parcs... Hermione Granger me l'a appris."

"Et elle a raison. Nous tournons encore à gauche."

Minuit sonna à l'horloge du clocher derrière eux. Harry se demandait pourquoi Dumbledore ne trouvait pas grossier de rendre visite à un vieux collègue si tard, mais maintenant que la conversation était lancée, il avait toujours plus de questions.

"Professeur, J'ai vu dans la Gazette du sorcier que Fudge avait été limogé..."


"C'est exact ... Il a été remplacé, comme tu le sais sûrement, par Rufus Scrimgeour, qui était précédemment le chef des Aurors."


"Est-il… Pensez-vous qu'il est bien ?"


"Question intéressante ... Il est capable, c'est certain. Une personnalité plus décisive et plus puissante que Cornelius."


"Oui, mais je voulais dire…"

"Je sais ce que tu voulais dire. Rufus est un homme d'action et, ayant combattu les magiciens noirs la majeure partie de sa vie. Il ne sous-estime pas Lord Voldemort."

Harry attendit, mais Dumbledore n'ajouta rien sur le désaccord, rapporté par la "gazette du sorcier" qui l'opposait à Scrimgeour et il n'osa pas poursuivre sur ce sujet. Il passa donc à autre chose ...
"Et... professeur... J'ai lu ce qu'ils disaient sur Mrs Bones."


"Oui !... Une terrible perte. C'était une grande sorcière. Montons ici, je pense… aïe !"


Il s'était cogné sur sa main blessée.
"Professeur, qu'est-ce qui est arrivé à votre…?"

"Je n'ai pas le temps de te l'expliquer maintenant... C'est une histoire palpitante. Je veux lui rendre justice."

Il sourit à Harry, qui comprit qu'il n'était pas repoussé, et qu'il avait la permission de continuer à poser des questions.

"Professeur… J'ai reçu, par hibou, du ministère un tract sur des mesures de sécurité que nous devrions tous prendre contre les Mangemorts..."


"Oui, je l'ai reçu également !... Tu l'as trouvé utile?"


"Pas vraiment."


"Non, je ne pense pas en effet. Tu ne m'as pas demandé, par exemple, quelle est ma confiture préférée, et tu n'as pas vérifié que j'étais réellement le professeur Dumbledore et pas un imposteur."

"Je ne …" commença Harry, se demandant s'il avait été réprimandé ou pas.

"Pour le futur, Harry, c'est framboise… bien que naturellement, si j'étais un Mangemort, j'aurai commencé par rechercher ce genre de renseignement avant d'emprunter une personnalité !"

"Heu... bien ! sur ce papier, ils parlent du sort d'Inferi. Qu'est-ce que c'est exactement ? Le papier n'était pas très clair."


" Ce sont des cadavres." dit Dumbledore calmement. " Des corps morts qui ont été enchantés pour servir la magie noire. On n'a pas vu d'Inferi depuis longtemps, en tout cas, pas depuis que Voldemort était tout puissant… Il a tué assez de personnes pour en faire une armée, naturellement. C'est ici, Harry, juste ici… "

Ils étaient près d'une petite maison de pierres au milieu d'un jardin. Harry était trop occupé à digérer l'horrible image d'Inferi pour faire beaucoup d'attention au lieu, mais avant qu'ils atteignent la porte, Dumbledore s'arrêta net et Harry lui rentra dedans.


"Oh ! Oh mon cher."

Harry suivit précautionneusement son regard vers la maison et sentit son cœur s'arrêter. La porte d'entrée était entrouverte.
Dumbledore jeta un coup d'œil vers la rue. Tout semblait abandonné.

"Sort ta baguette et suis-moi, Harry."

Il ouvrit le portillon et avança vite et silencieusement le long de l'allée, Harry sur ses talons. Là, il poussa la porte d'entrée très lentement, sa baguette magique prête à toute éventualité.
"Lumos."


Le bout de la baguette de Dumbledore s'enflamma, éclairant un vestibule étroit. Sur la gauche, s'ouvrait une autre porte. Tenant haut sa baguette, Dumbledore avança dans le salon, Harry juste derrière lui.

Une scène de complète dévastation s'offrait à leurs yeux. Une horloge contoise était brisée à leurs pieds, son cadran fendu, son pendule se trouvant plus loin comme une épée abandonnée. Un piano était renversé, ses touches répandues sur le sol. L'épave d'un lustre tombé se trouvait tout près. On voyait de nombreux coussins éventrés, perdant leurs plumes par des trous sur les côtés. Des tessons de verre et de porcelaine étaient répandus partout comme si on les avait saupoudrés sur l'ensemble de la pièce. Dumbledore leva sa baguette un peu plus haute, de sorte que la lumière puisse se réfléchir sur les murs, sur lesquels on voyait des éclaboussures d'un liquide obscurément rouge et visqueux par-dessus le papier peint. Harry respirait à petits coups pendant que Dumbledore regardait autour de lui.

"Pas joli, n'est ce pas ? Oui, quelque chose d'horrible s'est produit ici."
À suivre...